Les seuils peuvent se reconfigurer en permanence suivant des variables ambiantales, climatiques, temporelles.
A La Défense, univers du piéton, celui-ci n'en est pas moins soumis à la prégnance du cadre physique et des conditions climatiques : grandes étendues à découvert et resserrement de hauts bâtiments donnent lieu à des mouvements aérauliques et ambiances thermiques peu contrôlables. A ces variables ambiantales et climatiques s'ajoutent les variations temporelles des usages socio-spatiaux pouvant faire apparaître, à l'extrême, des phénomènes de massification ou de désertification des espaces publics.
Le corps s'adapte, adopte des stratégies de placement ou de déplacement suivant les affordances sensibles qu'il perçoit : tel abri pour se protéger du vent ou de la pluie, tel assise pour prendre son repas, etcetera. Certains objets urbains, les plus triviaux soient-ils, comme des poubelles dans la vidéo ci-dessous, sont bien placés pour les usagers des marches mais, éloignées de quelques dizaines de centimètres du masque aéraulique formé par l'arête du bâtiment, sont problématiques pour l'agent d'entretien. Leur simple observation fait nettement apparaître le frottement entre ces milieux ambiantaux opposés (assises au soleil à l'abri du vent/ couloir de circulation à l'ombre et subissant l'effet Venturi) mais éventuellement réversibles suivant les conditions climatiques et l'heure du jour (le soleil passe d'un côté à l'autre de l'Arche durant la journée, les marches se vident après l'heure de déjeuner).
A Poblenou, les variations climatiques et ambiantales semblent moins prégnantes mais sont néanmoins sensibles, le vent pouvant s'engouffrer dans les larges avenues quadrillées, le soleil déterminant des lignes franches d'ombre d'un côté à l'autre des rues suivant l'heure du jour.
Les marches de l’Arche – La Défense
© Collectif « Paradoxes d'Ambiances »
En semaine, à l’heure du déjeuner / Un dimanche matin