A St Pancras comme en Gare du Nord, l'idée a été avancée de tourner simultanément quatre films de la gare, synchronisés entre-eux, afin de chercher à la fois à reproduire d'une certaine manière les écrans composites de vidéosurveillance, et de réaliser une sorte de panoptique de cet espace.
A Saint Pancras, une scène est filmée : l'arrivée d'un Eurostar et la sortie des passagers par des portes battantes ouvrant dans un des corridors principaux de la gare. Trois points de vue ont été définis (2 surplombants, 1 au niveau des corps). Dans ce cas, l'enjeu consiste au « mime » d'un dispositif de vidéosurveillance, où plusieurs caméras documentent une même situation sous des angles variés, et où l'opérateur de prise de vue reste le plus absent possible, en intervenant ni sur le champ, ni sur le cadre.
En gare du Nord, il n'y a pas de scène prédéfinie qui doit être filmée, mais la consigne consiste plutôt à « filmer l'espace » (les interactions, les ambiances etc.). Chacun des chercheur-e-s muni-e-s d'une caméra reste ainsi responsable de ce qu'il ou elle filme, de son cadre, de son champ, l'enjeu ne visant pas la documentation neutralisée et objectivante d'une situation, mais plutôt la captation d'un espace temps, lequel une fois le montage réalisé pourra potentiellement raconter des situations. Ainsi, par la réalisation de ces quatre films simultanés, l'enjeu est moins d'opérer une objectivation d'un contexte et de ce qui advient en multipliant les angles d'appréhension sur une chose unique, que de laisser opérer quatre subjectivités, en attendant de voir si a posteriori, c'est-à-dire après le montage, se constitue d'une part une intersubjectivité, et d'autre part un discours sur les ambiances de cet espace, et si les logiques de sécurité et de surveillance y trouvent un lieu d'existence. Dans les images produites, on remarque deux plans fixes (haut-droite et bas-gauche) et deux plans mouvants. Les quatre films ne commencent et ne se terminent pas au même moment, cependant, pour conserver la cohérence narrative de chacune des vidéos, il a été choisi de ne pas les couper. Ainsi, au début du montage, seule une vignette est affichée, les autres arrivant progressivement de manière à ce que les quatre films soient synchronisés par rapport au temps de référence où les films ont été réalisés.
Panoptique St Pancras International
© Collectif « Surveillance(s) en public »
Panoptique Gare du Nord
© Collectif « Surveillance(s) en public »