Porto da Barra
Un quartier central, tiraillé entre passé colonial et présent commercial
Le quartier de Barra est situé au sud-ouest de la ville de Salvador da Bahia. Ouvert à l'ouest sur la Baie de Tous les Saints et au sud sur l'Océan Atlantique, il constitue le point géographiquement le plus avancé de la ville sur la mer. Il est aussi un des plus anciens quartiers de Salvador. Sur le front de mer, quelques monuments retracent ces diverses époques : le phare et le fort de Santo Antonio ; le fort de Santa Maria ; le monument à la mémoire de Tomé de Souza (fondateur de la ville en 1549) qui rappelle la conquête portugaise et les débuts de la traite des esclaves africains.
Face à la mer, d'anciennes petites maisons d'architecture coloniale, aux façades colorées, s'alignent le long de Avenida Sete de Setembro. Elles abritent des logements, des commerces (bars, restaurants, boutiques de prêt-à-porter et de souvenirs, droguerie...) ou des pousadas (sorte de pensions). De l'autre côté de la rue, en contrebas s'étend une plage urbaine. Séparée de la rue par une balustrade blanche, elle constitue un lieu d'affluence en fin de semaine, durant les périodes de vacances scolaires et les jours fériés. Dans le discours des habitants, Barra tient sa qualité de « centre de la vie urbaine » de la présence de cette plage urbaine, de la diversité de loisirs qu'elle offre et de sa dimension touristique (Löw, 2012).
À proximité de cette aire naturelle, de grands immeubles de béton, emblèmes de l'essor démographique et économique de la ville, affichent leur standing par la plus ou moins grande sophistication de leur système de protection (hauteur des murs et des grilles, sas d'entrée, nombre de vigies en uniforme, digicode). Fleuron de l'architecture moderne, l'Edificio Océania, construit en 1942, est le plus ancien d'entre eux. A l'intérieur du quartier, non loin de Avenida Princesa Isabel, Barra offre à une clientèle de classe moyenne et aisée un point d'attraction majeur : le Shopping Barra, troisième plus grand centre commercial de la ville.
Enfin, au cœur de ces espaces résidentiels et commerçants de Barra existent des parcelles de terre vacantes où prennent place des invasions (terme utilisé à Salvador pour qualifier les favelas). Là, de part et d'autres de rues étroites et souvent dénivelées, les moins aisés s'agglutinent dans des habitations illégales, faites de briques rouges et de matériaux de récupération.
Un corridor « revitalisé » et sécurisé
Comme ailleurs au Brésil, le quartier a bénéficié, dès le début des années quatre-vingt dix, de mesures de « revitalisation » de son front de mer destinées à accroître son attractivité, à créer de nouveaux espaces de citadinité, à favoriser la dispersion des flux routiers et la flânerie.
Ainsi, deux placettes ont été totalement réaménagées de part et d'autre de Avenida Sete et accueillent aujourd'hui des terrasses de cafés et de restaurants. Pour diminuer les traumatismes orthopédiques, fluidifier la circulation piétonne et offrir au regard un aspect plus uniforme et plus harmonieux, leur sol, autrefois composé de pavés portugais, a été remplacé par une dalle de béton. Des arbres ont été coupés. Le mobilier urbain, signé Decaux, emprunte aux standards européens. Un grand projet de revitalisation, qui prévoit une piétonnisation du quartier, est aujourd'hui à l'étude à quelques mois de la Copa.
Des formes de commerce institutionnalisé
Le vendredi soir, des baraquements sont installées, donnant à voir l'artisanat local (broderie, sacs tressés, travail du cuir....) autant qu'une institutionnalisation du commerce ambulant. Régulièrement, des vendeuses d'acarajé, toutes de blanc vêtue, s'installent à proximité des consommateurs, sous leur ponton, face à leurs bacs de friture. Outre leur participation aux ambiances olfactives du lieu, elles rendent visible et accessible, par cette pratique publique, une des spécificités socioculturelle de Salvador da Bahia : la prégnance de la culture afro-brésilienne dans la vie quotidienne bahianaise, et notamment le respect du culte du candomblé, cette religion mêlant rites catholique, indigènes et croyances africaines.
La requalification du trottoir
Côté balustrade, la requalification du trottoir, élaborée dès 2008 par la Fundaçao Mario Leal Ferreira, s'est appuyée sur des mesures strictes :
- remplacement du sol en pavage portugais, jugé très dégradé, mal posé, inesthétique et inadéquat à la marche par un revêtement en béton, considéré comme plus fonctionnel, moins coûteux et techniquement plus efficace (résistance accrue, facilité de pose, qualité d'adhérence au substrat) ;
- remplacement des bordures en pierre par des bordures de type « barcelone » en béton préfabriqué, choisies en raison de leur robustesse, de leur design, de leurs dimensions et de leur meilleure finition au sol ;
- suppression de 6 amandiers, accusés de participer au rétrécissement du trottoir ;
Si ce projet de requalification du trottoir de Barra s'appuie – selon les termes même de la Fundaçao Mario Leal Ferreira – sur la nécessité d'offrir des conditions de déplacement favorables aux personnes à mobilité réduite et sur la nécessité de donner une harmonie d'ensemble au paysage littoral, il a suscité de nombreuses controverses chez les habitants du quartier et les intellectuels bahianais, accusant les autorités publiques de vouloir gommer le passé du quartier et saccager son patrimoine.
La sécurisation de l'espace public
A la pointe de la place, entre l'avenue et le front de mer, une guérite en béton accueille la police militaire. Le dispositif construit, son emplacement stratégique, la permanence des policiers (lourdement armés) et leurs rondes incessantes dans le quartier sont autant de signes manifestes et visibles de la volonté de l'Etat d'assurer la sécurité du quartier et de répondre aux exigences de la population.
Joelson, marche informée du 7 juillet 2011 :
E a presença da polícia militar aqui.... É bem visível. Guardas caminhando e carros [da PM] sempre passam aqui. Essa presença é necessária em toda a cidade né? Alguns lugares são mais protegidos que outros. A atmosfera do lugar muda, fica diferente, com a presença dos policiais militares. Inibe um pouco a violenza
La présence de la police militaire ici... C'est bien visible. Des gardes qui marchent et des voitures passent toujours par là. Cette présence est nécessaire dans toute la ville n'est-ce pas ? Quelques endroits sont plus protégés que d'autres. L'atmosphère change, devient différente, avec la présence des policiers militaires. Ca diminue la violence
Salete, marche informée du 7 juillet 2011
Policiamento no bairro, influencia sim! Fica melhor, né ? Fica mais seguro
La police dans le quartier, ça influence, oui ! Ça devient mieux, n'est-ce pas ? Ça devient plus sûr.
Des préoccupations environnementales naissantes
À ces mesures de sécurisation de l'espace public s'ajoutent, d'années en années, des mesures de salubrité publique et de protection de l'environnement. Partout, des poubelles sont installées dans le quartier et des campagnes de sensibilisation à la propreté de la rue sont mises en œuvre auprès des habitants et des commerçants. La plage n'échappe pas à ce vaste mouvement. Là aussi, des poubelles jaunes sont désormais juchées sur des piquets de bois. Des cohortes de volontaires organisent, à la veille des vacances d'été, des journées « plage propre » où chacun est mis à contribution pour ramasser les nombreux détritus laissés par les habitants sur le sable. Il s'agit désormais de préserver la beauté du littoral et d'exploiter sa potentialité touristique.
L'éviction de certaines présences
La masse des vendeurs ambulants et des enfants des rues présente à Barra, notamment sur la plage et le long de la balustrade, subit, depuis quelques années, des formes d'évictions massives. Chaque retour sur le terrain, depuis 2009, conduit notre équipe à constater la disparition progressive d'un certain nombre de ces figures du quartier et la progression constante du nombre des patrouilles policières à pied ou motorisées. Diverses raisons peuvent être invoquées.
La première est liée à la volonté de l'Etat Fédéral de désengorger les rues et de trouver une solution au conflit d'usage du trottoir (dénonciation par les piétons du mauvais entretien des trottoirs bahianais et de leur engorgement par les baraquements des vendeurs ambulants). A ces critiques répétées et désormais médiatisées, l'Etat Fédéral répond par des projets de « réforme » des trottoirs et par une plus grande institutionnalisation des pratiques de commerce ambulant.
La seconde raison est liée à l'approche de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques que le Brésil accueillera successivement en 2014 et 2016. Pour cela, l'Etat met en œuvre un certain nombre de mesures d' « assainissement » des quartiers, visant autant à enrayer la violence urbaine qu'à redorer l'image du pays au regard de la communauté internationale : mesures de contrôle du trafic de drogue, de sécurisation des zones touristiques, de lutte contre le travail des enfants, de gestion des habitants des rues...
Un côtoiement distant
Le quartier de Barra, comme beaucoup d'autres au Brésil, donne à voir une superposition de commerces divers (des ensembles commerciaux « de luxe », des supermarchés de quartier, des boutiques à devanture ouverte, du mercantilisme artisanal et/ou ambulatoire) qui non seulement participe de l'ambiance de la rue, exacerbe la visibilité des inégalités sociales mais aussi définit des manières de marcher et de se côtoyer en public particulières.
Ainsi, le clivage social se lit dans la rue, selon des temporalités bien distinctes, à la faveur de manières de se déplacer, d'attitudes et d'apparences corporelles fort différenciées.
Berlines climatisées aux vitres teintées
En début de matinée et en fin de journée, la semaine, aux heures de bureaux, les plus aisés circulent rapidement dans des berlines climatisées. Derrière leurs vitres fumées, à l'abri de leurs portières verrouillées, ils arborent le plus souvent les signes extérieurs de leur appartenance sociale : chemise ou polo de marque pour les messieurs ; tailleur et talons aiguilles pour les dames ; lunettes de soleil, sacs à main, téléphones portables et coiffures apprêtées pour tous. Comme la grille, le mur et la vigie, la voiture remplit deux fonctions : elle protège des agressions extérieures (la violence, l'insalubrité, les variations thermiques, le soleil, les mauvaises odeurs...) ; elle met l'autre, et en particulier les plus pauvres, à distance. La vitesse de déplacement qu'elle permet fonctionne comme une valorisation de soi : l'individu pressé n'a, du fait de ses responsabilités professionnelles, pas de temps à perdre. La lenteur, à l'inverse, est associée à la nonchalance et à la paresse.
Les étudiants et les personnes âgées, nombreux dans le quartier, empruntent traditionnellement le bus ou les taxis. Les personnes âgées ne se déplacent jamais seules, sauf les plus pauvres d'entre elles. On les observe en général le matin, à l'heure où les ardeurs du soleil ne fatiguent encore pas les organismes.
Marche à pied
Les plus pauvres, enfin, marchent à pied. Mais dans cette catégorie d'usagers, des nuances sont toutefois à apporter. La pauvreté au Brésil est traditionnellement assimilée, dans nos esprits occidentaux, à l'existence des favelas. La réalité est bien plus complexe. L'habitant des favelas occupe bien souvent un emploi régulier, loin de son quartier : portier, marchand ambulant, chauffeur de bus, jardinier, femme de ménage, loueur de chaises sur la plage... À l'image du nomade, son activité professionnelle le force à une mobilité importante, tant en termes de distance parcourue que de temps passé à se déplacer. Si le bus est traditionnellement utilisé pour franchir les distances les plus longues, son coût élevé (identique au coût des transports en commun parisiens) participe d'un recours fréquent à la marche. Aussi peut-on observer, aux heures de pointe, des cohortes d'hommes et de femmes aller et venir dans la rue ou entre les stations de bus et leurs lieux de travail. La plupart portent des sacs encombrants, tirent ou poussent des charges que l'on devine lourdes.
Les marchands ambulants participent autant de l'investissement de la rue que de l'ajustement permanent des conduites sur le trottoir. Pourtant, les pratiques diffèrent des uns aux autres.
Certains, comme les vendeurs d'acarajé ou de nourriture, stationnent dans l'espace en déployant des dispositifs (parfois imposants) de présentation de leur marchandise. Dans ce cas, une portion non négligeable du trottoir est rendue impropre à la marche à pied, voire quasi privatisée. D'autres, comme les vendeurs de cafezhino, d'eau potable ou de gaz vendent en marchant. Les vendeurs de colliers, de hamacs et de cangas (paréos pour la plage) procèdent un peu différemment. La plupart profite de l'existence de la balustrade en front de mer pour donner à voir et à toucher les différents articles. Des rituels partagés sont alors à observer : d'abord, le choix du meilleur emplacement (en fonction de la présence de l'ombre des arbres qui protège des ardeurs du soleil, en fonction du flux de piétons en promenade le long de la côte, en fonction des allées et venues des baigneurs entre la plage et la rue) ; puis, une mise en scène des articles sur la balustrade ; enfin, l'accostage des éventuels acheteurs par un sourire, une accolade, la présentation des objets.
Les habitants /enfants des rues
Parmi ces catégories d'usagers à pied, les « habitants des rue » offrent un dernier exemple. Pour eux, la marche n'est pas choisie. Elle est subie. L'habitant de la rue, reconnaissable à sa maigreur, son teint tanné, sa saleté, est celui ou celle qui vit, travaille parfois, mange et dort dans la rue. Nombreux sont les enfants concernés par cette situation. Si beaucoup sont attachés à leur quartier, la plupart erre à la recherche de nourriture, de vêtements, d'objets divers jetés au fond des poubelles, sur la plage ou dans la rue et qui, une fois revendus, offriront de quoi manger, boire ou consommer de la drogue.
Une hyperesthésie sensorielle
Du fait de cette animation permanente, Porto do Barra offre aux sens une profusion permanente de stimulations sensorielles, de nature diverse, qui conduit fréquemment l'observateur européen à verbaliser la sensation d'une hyperesthésie. Marcher dans ces ambiances excite, stimule mais aussi fatigue, épuise.
Côté plage
Le quartier offre une image vivante et bigarrée : le brassage des populations (habitants du quartier, usagers venus parfois de lointaines invasions, femmes et enfants, enfants des rues, vendeurs ambulants, personnes âgées, étudiants...) coexistent, donnant à voir en apparence des signes de décontraction et de cordialité. Visuellement, deux plans se font face. À l'Ouest, la présence de la mer et de la plage focalise les regards, favorise la contemplation, offre des possibilités de séjour ou de promenade. Sur le plan visuel, trois couleurs dominent : le bleu de la mer et du ciel, indescriptible tant il semble pur lors des matinées ensoleillées d'été ; l'ocre/jaune du sable et des poubelles plantées en hauteur sur des piquets de bois ; le blanc éclatant et parfois aveuglant de la balustrade, dont la prégnance varie en fonction de l'ardeur et de la position du soleil dans le ciel.
À cette prégnance visuelle de la couleur s'ajoute celle des éléments naturels : l'eau, le sable mais aussi les arbres. Chacun de ces éléments joue ensemble, mais sur des registres sensibles différents et selon des temporalités bien marquées. Ainsi, la mer marque le quartier de son empreinte sonore, dès lors qu'à marée haute le ressac des vagues couvre les bruits de la circulation. En soirée, à l'heure où le quartier se vide de ses véhicules et de ses piétons, ce ressac berce les quelques couples enlacés le long du rivage ou les habitants des rues venus se réapproprier leur lieu de vie. À marée basse, c'est une empreinte olfactive, mêlée d'odeurs d'iode, d'algues et de poissons en décomposition, qu'elle laisse davantage. Le sable œuvre, quant à lui, d'un point de vue tactile : ses grains réchauffés ou mouillés massent la voûte plantaire, font s'enfoncer les orteils, obligent à dérouler le pied, conservent les traces de passages éphémères. Enfin, la présence d'arbres, alignés face à la balustrade, revêt une importance thermique et visuelle. En journée, leur feuillage dense offre une ombre rafraîchissante aux corps exposés au soleil et une protection vis-à-vis des réfléchissements (lumineux et thermiques) causés par la blancheur de la balustrade. En soirée, ils sont source d'anxiété, voire d'angoisse, leur ombre projetée empêchant une visibilité pourtant nécessaire dans des rues souvent soumises à la violence urbaine.
Marche urbaine collective du 5 juillet 2011 en matinée :
Outra coisa são as texturas naturais extensas, que seria a grande porçao de rochas, de água, a grande porção de areia. Tem também a diferença entre o dia e a noite, pela diferença da luz. Enquanto a noite a tendência è olhar para o mar, porque todos os postes estão orientados para você, ofuscando. Pela manhã; è o contrario, estando no pé do mar, se volta para a praia. A noite, de alguma forma as luzes de Itaparica formam com a lua uma luminosidade na água do mar, que você acaba olhando, e de dia Itaparica se confunde com o mar, você não distingue o que e mar e o que e terra
L'autre point, c'est l'étendue des textures naturelles, une grande étendue de rochers, d'eau, une grande étendue de sable. Il y a également une différence entre le jour et la nuit, une différence de lumière.
Côté rue
Côté rue, l'ambiance est marquée par une forte prégnance des modalités olfactives, sonores et lumineuses dont les modulations interviennent dans l'appréhension même de l'hospitalité (sensible) du quartier. Ainsi, le piéton marche dans une ambiance mêlée d'odeurs de gaz d'échappement, d'huile de palme (utilisée pour la friture des acarajés), de crème solaire et de peau nue. Sur le trottoir, côté commerce, ce sont davantage les odeurs de nourriture qui prédominent en journée et qui viennent mettre en question la porosité des espaces privés et publics. Le vent, toujours présent sur le front de mer, joue à ce titre un rôle majeur dans leur dispersion. En soirée, le sillage des odeurs de camions poubelles s'ajoute à cette mosaïque olfactive qui ne cesse d'envelopper chacun. Les façades éclairées des commerces et des pousadas attirent aussi l'attention, tant elles forment une ligne de lumière sécurisante pour le piéton.
Marche urbaine collective du 4 juillet 2011 en soirée :
Percebemos lá do outro lado uma mistura de luz, que chamamos de « cenográfica », mas também uma luz necessária, daria um clima de noite mas que poderia ser utilizada durante o dia. Percebemos também quem os cheiros mudavam muito conforme a gente passava em cada restaurante.
Nous percevons là de l'autre côté un mélange de lumière, que nous appelons « scénographique » mais qui est aussi une lumière nécessaire, qui participe de l'ambiance la nuit mais qui pourrait être utilisée le jour. Nous percevons aussi que les odeurs varient beaucoup lorsque nous passons devant les restaurants.
Marche urbaine collective du 5 juillet 2011 en matinée :
Aqui nesse primeiro quarteirão sentimos cheiro bem forte de comida; peixe, frango, tempero e feijão. E quando fomos a essa praça sentimos mais uma sensação de habitação.
Ici, dans cette première partie, il y a des odeurs bien fortes de cuisine : poisson, poulet, haricot. Et quand nous étions sur cette place, nous avions l'impression d'un sentiment de chez-soi.
L'ambiance sonore est, en journée, largement dominée par les bruits de la circulation routière (voiture, taxi, camions, bus) dont l'intensité reste importante d'environ 6H30 du matin à 21H le soir. De manière régulière également, et plus fréquemment encore en fin de semaine ou durant les périodes fériées, des rythmes musicaux viennent couvrir cette ambiance routière. Ils s'échappent des nombreuses boutiques et restaurants alignés face à la mer, ou des coffres de voitures (garées près du Fort de Santa Maria ou en bordure de trottoir) dans lesquels sont installés des amplificateurs.
Marche urbaine collective du 5 juillet 2011 en matinée :
é aquela rua, não tem mais os obstáculos de lixo. Não em tanto obstáculos físicos, mas tem, é muito mais aguçante esse barulho e estes manjares, esse mau cheiro até. A noite há mais obstáculos de mobilidade e de dia há mais estímulos sensoriais. Inclusive a luminosidade faz a gente observar melhor visualmente.
Dans cette rue, il n'y a pas d'obstacles liés à la présence des poubelles. Ce ne sont pas des obstacles physiques mais il y a plutôt des bruits agaçants, des mauvaises odeurs. La nuit, il y a davantage d'obstacles de mobilité et le jour il y a plutôt des stimulations sensorielles. Y compris la luminosité qui fait que les gens peuvent mieux se voir, s'observer mutuellement.
Nombreux sont d'ailleurs les piétons, hommes ou femmes, plus ou moins âgées, qui dansent ou plus justement ondulent leurs corps à l'écoute de ces sonorités rythmées. Ces pas dansés et cette « ginga » si fréquemment décrite pour rendre compte de la manière de marcher brésilienne tirent parti ou à l'inverse s'adaptent aux textures des sols.
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